Œuvres de Turgot et documents le concernant, volume 5
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1777
244. — LETTRE À VOLTAIRE
[A. L., minute.]
(Remerciements et compliments.)
Paris, 31 mai.
Le très infiniment petit service dont vous daignez me remercier, M., n’en mérite guère la peine. Mais toutes les marques de votre souvenir me sont précieuses et c’est à moi-même à vous faire des remerciements.
Je sais que le vieillard dont vous me parlez emploie encore fort bien son temps, mais on ne se procure ici qu’avec beaucoup de difficulté les productions de sa manufacture. Depuis qu’on est revenu des nouveaux systèmes et qu’on sent les dangers de la liberté du commerce, on a redoublé de vigilance pour empêcher l’entrée de toute contrebande. Quand j’habitais Limoges, le bon M. Caille[1] avait quelquefois la complaisance de me faire parvenir des échantillons de ses petites étoffes à mesure qu’elles sortaient de dessus le métier.
Je vous aurais, M., une véritable obligation si vous vouliez engager cet honnête fabricant à renouer cette ancienne correspondance qui ne lui donnera aucune peine et qui me donnera beaucoup de plaisir.
Je lui souhaite gaîté et santé pendant de longues années pour qu’il nous amuse et nous instruise encore longtemps, et je le prie de se souvenir quelquefois d’un des hommes qui a le mieux goûté le plaisir d’être né son contemporain.
———
[1] Voltaire.
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