Oeuvres de Turgot – 085 – Questions diverses

85. — QUESTIONS DIVERSES.

I. — Questions personnelles à Turgot.

1. Acquisition par Turgot de la terre de Laune.

(27 juin).

[Cette terre fut acquise par Turgot du Marquis Le Cordier de la Londe, moyennant le prix de 222 400 livres, payables : comptant 122.400 l. ; en décembre 1766, 82 000 l. ; en 1769, le solde.

La terre de Laune (fief, seigneurie, chatellerie, baronnie et marquisat) enveloppait une paroisse de 155 maisons avec 779 habitants et les villages de :

Merdhuy.                  La Clergerie.            La Granderie.

La Bayotterie.          La Sucerie.               La Blassetterie.

Pierrepont.               La Dignerie.             L’Église.

Roquefort.                La Barrerie.              La Paldicerie.

Elle s’étendait, en conséquence, sur les communes actuelles de Laulne et Vesly (canton de Lessay), de Lastelle et Le Plessis (canton de Périers), de Gerville (canton de la Haye-du-Puys), dans le département de la Manche.]

2. Offre de l’Intendance de Bordeaux par le Contrôleur général De L’Averdy.

[A. L., originaux.]

Lettre officielle. Versailles, 11 octobre. — J’apprends, M, dans l’instant, que M. de Ballanvilliers ne peut se déterminer à passer à Bordeaux par des raisons relatives à la position de sa fortune. Je ne l’avais proposé pour cette intendance que parce qu’il était votre ancien et que, d’ailleurs, il y avait des engagements pris avec lui pour son changement. D’un autre côté, je n’avais pu vous proposer pour l’intendance d’Amiens, parce qu’elle avait été promise à M. de Bacquincourt. Dans cette circonstance, avant de prendre les ordres du Roi, sur l’intendance de Bordeaux qui se trouve à ce moment vacante, je vous envoie un exprès afin que vous me mandiez sur-le-champ si elle peut vous convenir. Je le désirerais d’autant plus que votre nom et vos talents vous mettent plus à portée que personne de la remplir avec distinction et que l’importance dont elle est et la représentation qu’elle exige, semble demander ce qui se trouve réuni en vous. Mme la duchesse de Beauvilliers[1], qui m’a écrit de la manière la plus pressante pour vous procurer l’intendance d’Amiens aura, au moins, par la démarche que je fais, une preuve de mon zèle que je vous prie de ne lui point laisser ignorer. J’espère qu’elle vous en sera une du très parfait attachement avec lequel…

Lettre personnelle. — Je désire beaucoup, M., que suivant la lettre que vous remet mon courrier, vous puissiez accepter l’intendance de Bordeaux et je vous y invite par les motifs portés dans ma lettre et pour la satisfaction que j’aurais de vous avoir dans une intendance aussi importante ; j’espère donc que vous vous y déterminerez d’autant plus aisément que par là vous me mettrez à portée de faire valoir vos services auprès du Roi pour les vues que vous avez et que M. le Président votre frère[2] m’a confiées. D’ailleurs M. Boutin[3], allant faire cette année le département de Bordeaux, vous serez en état d’achever celui de Limoges et de vous mettre ensuite au fait de votre nouvelle intendance pour celui de l’année prochaine. Si, contre toute mon attente et à mon véritable regret, vous ne preniez pas le parti que je vous propose à titre d’amitié et de service du Roi, trouvez bon que mon courrier aille porter à M. de Gourgues une lettre pour cet objet. Dans ce cas, vous voudrez bien, sans lui rien expliquer, lui donner ordre de continuer sa route et d’aller trouver M. de Gourgues et je vous demanderai le plus grand secret, mais faites-moi le plaisir de ne point faire usage de cette lettre et de me mettre dans le cas, au retour de mon courrier, de prendre sur-le-champ les ordres du Roi en votre faveur. Je serais charmé que cet arrangement puisse vous convenir et de commencer à contribuer au service que vous êtes destiné par votre nom et vos talents à rendre à l’État.

Recevez, M., l’assurance de l’inviolable attachement avec lequel…

II. — Études géologiques.

Lettre à Desmarets.

[A. L., minute]

Limoges, 7 Janvier.

Il y a bien longtemps, cher Desmarets, que je me reproche le silence que je garde avec vous, mais vous savez combien j’ai été occupé depuis votre départ et vous savez tout aussi bien combien vous devez compter sur moi à tous égards.

J’ai reçu trois lettres de vous, de Genève, de Parme et de Rome et j’ai vu aussi votre description des glaciers de Faucigny dont j’ai été bien satisfait. Je suis bien fâché que mes notes sur le voyage de Lyon à Genève ne vous soient parvenues qu’après coup ; vous eussiez été à portée de les vérifier et elles en avaient besoin, puisque je ne les ai dictées que de mémoire après cinq ans[4]. Je voudrais bien avoir le temps de raisonner avec vous sur les objets de vos lettres ; je vais cependant jeter sur le papier quelques notes à mesure qu’elles me les suggèreront en les relisant[5]

III. — Éphémérides de la généralité de Limoges[6].

Circulaire.

[A. municipales de Tulle.]

Paris, 20 août.

Je vous fis adresser, M., un exemplaire des Éphémérides de la Généralité pour l’année 1765 afin de vous donner une idée du plan que l’auteur se proposait de remplir. Depuis ce temps là, cet ouvrage a été interrompu et je n’ai pas reçu les éclaircissements et les instructions que j’avais lieu d’attendre de votre zèle et de vos lumières : aujourd’hui que l’on reprend l’exécution d’un plan de travail que j’ai à cœur de rendre utile au public en même temps qu’il servira à l’administration, je vous renouvelle mes instances à ce sujet. L’étendue des objets que l’auteur embrasse suppose nécessairement des secours de la part des personnes résidantes dans les différents cantons de la Généralité.

J’espère que vous voudrez bien faire des recherches à cette occasion et m’envoyer les détails que vous aurez recueillis et qui pourront trouver place dans les Éphémérides.

La plupart des articles déjà remplis vous donneront une idée de la manière dont vous pouvez exécuter ceux que vous m’adresserez. Vous y parlerez : 1° des juridictions qui se trouvaient dans votre arrondissement, de leurs fonctions, des paroisses de leur ressort, du temps de leur établissement, des coutumes qu’ils suivent, des tribunaux supérieurs desquels ces juridictions dépendent et vous y ajouterez les noms des personnes qui en remplissent les charges.

2° Des hôtels de ville en y comprenant les mêmes détails ; la police des élections etc…

3° De l’état ecclésiastique : il comprendra le détail de l’administration épiscopale, les chapitres, les collégiales, les paroisses avec les noms des curés ; les maisons religieuses avec le nombre des sujets ; les prieurés et autres bénéfices ; les  hôpitaux ; leur administration.

4° Des foires et des marchés, avec le jour précis où ils se tiennent et un détail de ce qui s’y vend.

5° Si vous avez des connaissances précises sur la population des villes ou des estimes approchantes de la population des paroisses, vous me ferez plaisir de me les envoyer.

6° De l’état militaire, comme gouverneurs des villes et autres officiers.

7° Des usages et des cérémonies singulières ; des bâtiments publics qui méritent quelque considération ; des antiquités, des chemins anciens.

8° Des différentes recettes des Fermes générales, leur département : comme aides, tabac, domaine, droits sur les cuirs, sur les cartes etc…

9° Des fabriques et des manufactures, soit dispersées dans les campagnes, soit concentrées dans les villes, vous indiquerez les différentes améliorations dont elles seraient susceptibles. 10° Le départ des courriers et tous les avis dont il importe au public d’être instruit etc…

IV. — Le logement des troupes.

Lettre à d’Ormesson. 28 janvier. — [Citée par d’Hugues, Essai, etc., p. 135, comme tirée des Archives de l’Intendance ainsi qu’une réponse de d’Ormesson du 12 mars 1764 et un Arrêt du Conseil (sans date). Ces pièces n’ont pas été retrouvées dans les Archives de la Haute-Vienne.]

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[1] Belle-fille de la Duchesse de Saint-Aignan.

[2] Le marquis de Sousmont.

[3] Intendant des Finances.

[4] Un manuscrit de Notes géologiques de Turgot est au château de Lantheuil. Elles sont datées du 25 septembre au 16 octobre 1765 et sont relatives à la géologie de la Champagne, de la Bourgogne et du Lyonnais, depuis Saint-Lyé (Aube) jusqu’à Roanne, Tarare et Lyon.

[5] À l’époque où écrivait Turgot, la géologie n’était pas fondée et chacun inventait son système. Desmarets est un des premiers qui aient émis des vues scientifiques ; ses idées sur le volcanisme ont été et sont encore le fondement de la science. Celles de Turgot sont très inférieures à celles de son correspondant ; il serait sans intérêt de les reproduire.

[6] On voit, par cette lettre, l’intérêt que Turgot attachait à la publication d’annuaires statistiques de la Province. Néanmoins, les Éphémérides de la généralité de Limoges, qui avaient paru en 1765, ne reparurent plus.

Un autre annuaire, le Calendrier ecclésiastique et civil du Limousin, fut au contraire continué. Il avait commencé en 1762, et parut sans interruption jusqu’en 1791. Il prit ensuite un autre nom (Leroux, Inventaire, CXLVI).

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