75. — QUESTIONS DIVERSES.
I. — Affaire Calas.
(Jugement auquel prend part Turgot.)
(Le 10 mars 1762, le protestant Jean Calas, marchand d’indiennes à Toulouse, fut roué, après un long procès qu’avaient instruit d’abord les Capitouls, ensuite le Parlement.
Il était accusé d’avoir tué son fils aîné qui voulait se faire catholique. Le jeune homme avait été trouvé, le 13 octobre 1761, pendu dans la maison paternelle.
Jean Calas mourut en se déclarant innocent.
Voltaire, bientôt convaincu qu’il y avait eu une erreur judiciaire, prit en mains la cause de la famille Calas et parvint, après de grands efforts, à la gagner devant le public.
Le 7 mars 1764, un Arrêt du Conseil engagea la procédure de révision. Le 4 juin, un autre arrêt cassa le jugement du Parlement de Toulouse ; le 9 mars 1765, l’affaire fut portée devant les 40 Juges, maîtres des requêtes de l’Hôtel. À l’unanimité, ils réhabilitèrent Calas.
Turgot était l’un des juges ; il opina dans la circonstance, dit Du Pont, avec une chaleur qui ne lui était pas ordinaire.)
II. — Industrie à Limoges.
(Note de Turgot sur une requête d’un fabriquant de bière (le Sr Pierre Raby) en vue d’être exempt des droits d’octroi pour le transport entre sa fabrique (au delà du Pont Saint-Martial) et sa maison à Limoges.
[A. H. V., C. 434.]
Soit la présente requête communiquée aux Srs commissaires du don gratuit pour m’en dire leur avis. Elle parait mériter beaucoup d’attention. Une industrie nouvelle, introduite dans la Province, qui tend à donner aux grains un nouveau débouché et à enlever aux étrangers les profits qu’ils font sur une branche de notre consommation mérite toutes sortes d’encouragement. D’ailleurs, la bière fabriquée par le Sr Raby peut être regardée comme fabriquée dans la ville. La brasserie est située dans le taillable de la ville et si elle n’est pas dans la ville même, c’est pour éloigner tous les dangers du feu[1].
III. — École vétérinaire de Limoges[2].
(Le vétérinaire Bourgelat[3], auteur des Éléments d’Hippiatrique avait obtenu de Bertin, en 1761, par Arrêt du Conseil, qu’il lui fut permis d’établir à Lyon, une école qui aurait pour objet la connaissance et le traitement des maladies des bœufs, chevaux, mulets.
Cette école fut ouverte le 1er janvier 1762 : ce fut la première école vétérinaire de France. Turgot y envoya plusieurs élèves et en établit ensuite une autre à Limoges, sous la direction du vétérinaire Mirra, qui, dans son cours à Lyon, s’était fort distingué. Il facilita aux élèves qui avaient suivi avec succès les cours de Lyon ou de Limoges les moyens de s’établir. Grâce à ces dispositions, on vit se former dans le Limousin une génération de maréchaux qui, d’après Du Pont, furent regardés comme les meilleurs de toute la France. Cependant l’école établie à Limoges en 1765 ne subsista que quelques années.)
———————
[1] Les commissaires furent d’avis que l’exemption serait contraire à la règle établie par une délibération de la ville de Limoges du 12 juillet 1764, mais qu’on pourrait recourir à un abonnement fixé par l’Intendant.
On trouve encore dans les Archives de la Haute-Vienne les pièces ci-après qu’il serait sans intérêt à reproduire :
1° Démolition du château de Beauvais, dépendant de l’abbaye de Saint-Martial de Limoges. (C. 62.)
2° Service funèbre à Limoges à la mort de la mère de Turgot. (C. 89.). Une note indique que les dépenses de ce service s’élevèrent à 668 l. 12 s.
[2] Du Pont, Mémoires. — D’Hugues, Essai, p. 158 et suiv. — A. Leroux, Inventaire.
[3] Bourgelat (1712-1779), fondateur des Écoles vétérinaires en France.
Laisser un commentaire