Bibliographie Vincent de Gournay

 

Principaux écrits

 

Remarques sur la traduction des Traités sur le commerce de Josiah Child, 1752 [table des matières]. — Publié au Japon par Takumi Tsuda en 1983 (Traités sur le commerce de Josiah Child avec les remarques inédites de Vincent de Gournay, Tokyo, Kinokuniya) ; en France par Simone Meyssonnier, en 2008 (Traités de commerce de Josiah Child, suivis des Remarques de Jacques Vincent de Gournay, L’Harmattan).

Premier mémoire sur les corporations et la liberté du travail, adressé à la Chambre de commerce de Lyon, février 1753. — Il existe deux versions de ce texte : le premier (reproduit ici) est issu des délibérations de la Chambre de commerce de Lyon [voir idem, Mémoires et Lettres, p.35-49]. — Il existe également une seconde version manuscrite, plus longue.

Deuxième mémoire sur les corporations et la liberté du travail (1753), en réponse à la critique par la Chambre de commerce de Lyon du premier mémoire ci-dessus. — Texte perdu, mais traduit en suédois en 1756. La version française a été réécrite le plus fidèlement possible, sur la base du texte suédois.


Autres écrits

Mémoire sans titre sur quelques moyens de faire fleurir le commerce, vers 1746-1748 [Mémoires et Lettres, p.23-34]

Lettre à Maurepas, 5 mars 1747 [Mémoires et Lettres, p.121-131]

Lettre à l’abbé Morellet, 27 octobre 1751 [Mémoires et Lettres, p.132-133]

Mémoire d’information pour les pays héréditaires de la Maison d’Autriche en Allemagne, à Vienne, 10 août 1752

Calcul estimatif de ce que les étrangers ont pu gagner sur nous depuis la paix, par la différence de l’intérêt de l’argent qui leur fait trouver plus d’avantage à placer le leur chez nous que chez eux, vers 1752-1753

Réflexions sur la contrebande, septembre 1753 [Mémoires et Lettres, p.50-58]

Estimation des richesses de l’Angleterre, vers 1753 [Mémoires et Lettres, p.59-62]

Mémoire sans titre, sur la division en deux classes de toute société humaine, à savoir les productifs et les improductifs, 1753 [Mémoires et Lettres, p.63-89]

Résultat de la tournée de M. de Gournay en Languedoc relativement aux draps pour le Levant, fin 1753

Remarques sur la traduction du Traité contre l’usure de Culpeper, 1754

Moyens proposés pour agir le plus offensivement possible contre les Anglais et pour ranimer en France le goût pour la marine, 1755

Question : si le travail des gens de mainmorte et la faculté qui leur serait accordée d’en mettre les productions dans le commerce serait utile ou préjudiciable à l’État, 1755 [Mémoires et Lettres, p.90-107]

« Observations » insérées dans l’Examen des avantages et des désavantages de la prohibition des toiles peintes, Paris, 1755

Lettre au marquis de Stainville, ambassadeur à Rome, le 16 avril 1755, sur la liberté du prêt à intérêt [Mémoires et Lettres, p.227-228]

Mémoire sans titre, portant des questions diverses sur le commerce, vers 1756 [Mémoires et Lettres, p.108-110]

Moyens simples de nuire aux Anglais en nous fortifiant, vers 1756-1757 [Mémoires et Lettres, p.111-115]

Fragment : pièce détachée sur l’intérêt de l’argent, sans date [Mémoires et Lettres, p.116-117]

Correspondance administrative au Bureau de commerce, 1751-1757 [Liste des 124 lettres] [Mémoires et Lettres, p.138-244]

Remarques sur les manufactures des étoffes de soie de la ville de Nîmes, 1758

Lettre de démission du Bureau du commerce, adressée à Trudaine, 1758 [Mémoires et Lettres, p.134-137]

« Observations sur la compagnie des Indes » jointes par l’abbé Morellet à son Mémoire sur la situation actuelle de la compagnie des Indes, Paris, 1769


Aux éditions de l’Institut Coppet

Mémoires et lettres de Vincent de Gournay

Récemment redécouvert, Vincent de Gournay (1712-1759) se présente comme l’un des grands précurseurs du libéralisme économique en France, dont il a posé les fondements, et dont il a assuré la dissémination, par l’intermédiaire d’un cercle d’écrivains connu sous le nom de « Groupe de Gournay ». Ses Mémoires et Lettres, publiés pour la première fois en France, nous font mieux connaître et mieux comprendre ses intentions, ses principes mais aussi ses réalisations.

Dans des mémoires aux sujets divers et variés — de la contrebande aux prêts à intérêt, et de la réglementation du travail à l’état de prospérité de l’Angleterre — Gournay explicite les principales notions qui composent son système, et en particulier la liberté du travail et de l’industrie, dont il fut un défenseur infatigable et qui formait la majeure partie de son credo « liberté et protection ».

À la suite d’une correspondance privée dont il ne subsiste malheureusement que peu de restes, nous publions la correspondance administrative de Gournay dans ses fonctions d’intendant du commerce, lorsque, ayant à gérer les intérêts manufacturiers d’une partie de la France, il devait sortir du costume de théoricien pour se confronter au réel.

 

Benoît Malbranque – Vincent de Gournay : l’économie politique du laissez-faire

De Vincent de Gournay (1712-1759), on n’a longtemps retenu qu’une formule : « laissez faire, laissez passer », censée résumer une œuvre connue uniquement par ouï-dire. C’est que les écrits de cet économiste, très tôt perdus, ne furent découverts et publiés qu’en 1976, autorisant un réexamen tardif mais nécessaire.

L’étude de ces nouvelles sources force à reconnaître en Gournay l’un des pionniers du libéralisme dans notre pays et l’agent principal de son introduction dans les sphères intellectuelles et administratives de la France du siècle des Lumières.

Face à une société d’Ancien régime paralysée par l’excès d’impôts, de privilèges et de règlements, Gournay a combattu pour la liberté du travail, la liberté du commerce et l’égalité devant la loi. Dans ses écrits et dans son action d’intendant du commerce, il a inauguré le procès des corporations, des privilèges et des réglementations sur l’activité économique, tout en théorisant la supériorité du travail libre et de l’initiative individuelle.

Admiré de Voltaire, tenu plus tard en haute estime tant par les physiocrates que par leurs adversaires, Vincent de Gournay fut aussi le maître à penser du jeune Turgot, qui continua son œuvre et appliqua, lors de son cours passage au ministère, les plans de réforme de son mentor et ami.