Ron Paul, dimanche 14 septembre 2014
Traduction par Frédéric Jollien, Institut Coppet
Le 30 novembre, les électeurs suisses se rendront aux urnes pour voter sur une initiative populaire sur l’or. L’objectif de la mesure est d’interdire à la Banque nationale suisse (BNS) de nouvelles ventes d’or, de rapatrier l’or suisse appartenant à la Suisse, et d’exiger que l’or représentent au moins 20 pour cent des actifs de la BNS. Cette initiative fait écho aux sentiments populaires que l’on perçoit de plus en plus aux Etats-Unis, en Allemagne et aux Pays-Bas. Cette initiative est une tentative d’apporter plus de supervision et de responsabilisation à la BNS, la banque centrale de la Suisse.
L’initiative suisse est entraînée par un courant d’insatisfaction à l’égard de la conduite non seulement de la politique monétaire suisse, mais aussi de la politique de la banque centrale suisse. La Suisse est peut être un petit pays, mais elle est une nation fière de son indépendance et de son histoire de lutte contre la tyrannie. La célèbre légende de Guillaume Tell incarne l’essence du caractère national suisse. Mais aucun régime tyrannique de l’histoire n’a intimidé la Suisse avec autant d’ardeur et de réussite que le gouvernement des Etats-Unis ces dernières années.
La tradition suisse du secret bancaire est légendaire. La réalité cependant est que le secret bancaire suisse est mort. Plusieurs pays, comme les Etats-Unis, ont refusé de contrôler les dépenses de leur gouvernement et sont aujourd’hui à court de moyens pour financer ces dépenses faramineuses. Comme la taxation de leurs populations devient politiquement difficile à soutenir, que l’émission massive de dette publique a saturé les marchés obligataires, il était plus facile de s’attaquer à de petits pays comme la Suisse, qui ont acquis la réputation d’être des «paradis fiscaux». Rappelez-vous que paradis fiscal est juste un terme pour un pays qui permet aux gens de conserver une plus grande part de leur argent que ce que font les Etats-Unis ou l’UE. Ces pays ne cherchent pas à piller les citoyens ou les titulaires de comptes étrangers. Mais les dernières années ont vu une tentative concertée par les Etats-Unis et l’UE à sévir contre ces petits pays, en utilisant leur énorme pouvoir financier pour les obliger à remettre les données des comptes afin qu’ils puissent extraire plus de recettes fiscales.
Les États-Unis ont utilisé leur système judiciaire pour extorquer de l’argent de la Suisse, accusant les filiales américaines des banques suisses d’avoir abriter les contribuables et leur avoir permis de conserver leurs comptes cachés des autorités fiscales américaines. Des pays de l’UE comme l’Allemagne sont même allés jusqu’à acheter à des employés de banque peu scrupuleux des informations volées aux institutions bancaires suisses. De plus, avec la mise en œuvre récente de la Foreign Account Tax Compliance (FATCA), les banques suisses vont maintenant être obligées de divulguer à l’IRS toutes les informations qu’ils ont sur ??les clients susceptibles de payer des impôts aux États-Unis.
Au sujet de la politique monétaire, la BNS a vendu dans les années 2000 environ 60 pour cent de ses réserves d’or. La BNS a également mis en place ces dernières années un taux de change fixe avec l’euro. Les effets se sont déjà manifestés sous la forme d’une bulle immobilière croissante, les prix des logements ont augmenté dangereusement. Compte tenu de l’action de la Banque centrale européenne (BCE) de se livrer à un nouvel assouplissement quantitatif, la persistance de la BNS à cette politique dangereuse signifie qu’il continuera à lier sa politique monétaire à celle de l’UE et à être forcé d’importer plus d’inflation en Suisse.
Tout comme les États-Unis et l’UE, la Suisse au niveau fédéral est dirigée par un groupe d’élites qui sont plus préoccupés par leur propre statut, leur bien-être et leur réputation internationale que du bien-être du pays. L’initiative sur l’or, si elle aboutit, sera une claque dans le visage de ces élites. Les Suisses apprécient le travail de leurs ancêtres qui ont longtemps eu une politique monétaire conservatrice, possédant de grandes réserves d’or, qui a permis la construction d’une monnaie forte, respectée et d’avoir un système bancaire solide et indépendant. Ils ne veulent pas voir des siècles de lutte gaspillés par une banque centrale. Les résultats de l’initiative en novembre sera un indicateur, qui permettra de sentir à quel point les mouvements populaires peuvent parvenir à rétablir les responsabilités des banques centrales et le retour de l’or à un rôle monétaire.
Article original : //ronpaulinstitute.org/archives/featured-articles/2014/september/14/will-the-swiss-vote-to-get-their-gold-back.aspx
Laisser un commentaire